Début mai, j’ai froid, je suis à mon bureau avec une tasse de thé, un verre d’eau, deux cachets d’aspirine et deux gaufres. L’excuse ? Une grippe a eu la mauvaise idée de m’attraper. Ça fait trois jours que nous n’avons pas « fait l’école » ni ne sommes sortis de l’appartement parce que soit mes enfants sont malades, soit je le suis. On est très loin d’avoir terminé le programme, ça n’avance pas, ma fille se remet doucement et moi, j’ai la tête comme un compteur à gaz. En mode free-style, les enfants jouent et s’occupent ensemble, et se passionnent pour les fourmis.
Les just because we can days
La semaine dernière, une maman d’un groupe que je fréquente nous a fait un petit compte-rendu de sa visite aux Great Homeschool Conventions, en Ohio. Lors de ce congrès et très inspirée par la pédagogie Charlotte Mason, elle est allée à une conférence donnée par Sarah Mackenzie. Sarah y expliquait qu’elle est mal à l’aise avec les Maths et qu’elle a engagé un jeune pour l’aider à enseigner cette matière à ses enfants (aux USA). Ce jeune homme n’a pas fréquenté d’établissement scolaire, Sarah était curieuse de savoir quelle a été son expérience d’école à la maison, à lui. La première chose dont il lui a parlé, c’est de ses « just because we can days », des « jours juste parce qu’on peut » en français. Ces jours-là, il n’y avait pas de travail, juste comme ça, parce qu’on peut se le permettre lorsque l’on fait l’école à la maison. Ça n’arrivait pas souvent mais c’est ce qu’a retenu le jeune, la première chose qui lui est venue en tête en parlant de son expérience d’école à la maison, un souvenir joyeux et pétillant.
Partant de cet échange, Sarah s’est posée la question de savoir ce que diraient ses enfants plus tard de leur expérience d’instruction en famille. Lors de la conférence, elle a demandé aux parents participants de fermer les yeux et d’imaginer à leur tour leurs enfants à l’âge adulte et ce qu’ils répondraient à la question :
« C’était comment chez toi, l’école à la maison ? »
L’essentiel
Que pourrait dire ma fille adulte de notre école à la maison ? Quel souvenir premier en resterait-il ? Dirait-elle « oh moi, j’avais un an d’avance » ou dirait-elle « ben moi, j’ai fait la méthode Singapour » ou encore « je savais différencier un nom propre d’un nom commun en cp » Non. Elle dirait peut-être « ma mère nous lisait une histoire au déjeuner », ou « on faisait souvent des sorties, on allait voir des spectacles », ou encore « c’était fun, on faisait des maquettes et des trucs de bricolage ».
Ce qui restera de notre école à la maison ce ne sont pas les manuels que nous avons choisis même s’ils ont leur importance dans l’instruction de nos enfants, pas le fait de terminer le programme à temps. Ce qui restera ce sont les attentions, les encouragements, les rires, c’est la joie d’être ensemble, les réalisations, les sorties… les « just because we can days ». En ce moment, ce sont plutôt les « just because we’re sick days », et puis bientôt ce sera les « just because we’re on vacation days » même si le programme n’est pas près d’être terminé. C’est la vie, le lâcher prise que j’apprends à accepter sans culpabiliser.
J’espère que mes enfants se souviendront d’abord des fois où l’on s’est perdus en forêt, des fois où l’on a joué à être des aventuriers, des fois où nous avons observé la nature à la loupe, des fois aussi où l’on prenait le temps… de ne rien faire.
9 commentaires
École à la maison : 3 autres erreurs que j'ai commises - Crapaud Chameau
14 octobre 2017 à 19 h 33 min[…] La première année, j’ai établi une planification serrée. Il y avait peu de place pour l’imprévu, pour la vraie vie, c’en devenait monotone. La seconde année, je n’ai rien planifié. On s’est dispersées, j’ai eu l’impression d’être brouillon. J’ai trouvé un équilibre cette année, nous avons suivi une trame sans toutefois se sentir coincées : nous avons pu naviguer entre apprentissages formels en Français et Maths, et temps pour l’étude moins formelle des matières de Découverte Du Monde avec des sorties culturelles, des activités. Nous avons eu du temps à consacrer à nos études thématiques. Et j’ai appris à lâcher prise avec les just because we can days. […]
martine42
11 mai 2017 à 13 h 03 minBonjour,
Merci pour ce beau témoignage tellement vrai .Effectivement, j’espère moi-aussi que Melle J. qui aura connu (et connaitra ) plusieurs types d’instructions école , IEF puis école dans le futur (pas tout à fait proche quand même), se souviendra de ces moments « just because we can days » . De ces sorties, de ces rencontres et de ces échanges qui lui serviront tout au long de sa vie .
Martine42
Mme maman
8 mai 2017 à 17 h 25 minMerci pour cet article! ❤️
Tiphanya
6 mai 2017 à 4 h 26 minAutant je comprends les personnes qui suivent un emploi du temps strict, autant j’ai plus de mal quand elles ne peuvent pas changer leur programme d’une demi-journée alors qu’il y a une activité sur un thème que leur enfant adore (oui, j’en ai personnellement rencontré).
L’IEF offre tellement de possibilités pour se créer des souvenirs, créer du lien, de la vie, des sourires. Il faut en profiter.
Et même les jours où l’on est malade sont des temps de lien.
Bon rétablissement à tous.
Barbara
5 mai 2017 à 23 h 04 minIl y a deux semaines, à la bibliothèque Rosemont, j’ai rencontré, tout à fait par hasard, un garçon de 13 ans qui fait l’école à la maison (famille de 4 enfants). Un de ses premiers commentaires fut de souligner qu’au moins, à la maison, « ça va plus vite », ce qui lui permet d’avoir tous ses après-midi libres. Et il semblait vraiment apprécier cette liberté.
Je ne sais pas ce que mon fils pensera, avec du recul, de l’école à la maison. Mais je sais qu’il se souviendra de nos après-midi passés à jardiner ensemble et des grandes balades au soleil, pendant que de « pauvres » enfants (selon ses termes) sont enfermés dans des écoles. 🙂
Isa LISE
5 mai 2017 à 4 h 36 min« J’espère que mes enfants se souviendront d’abord des fois où l’on s’est perdus en forêt, des fois où l’on a joué à être des aventuriers, des fois où nous avons observé la nature à la loupe, des fois aussi où l’on prenait le temps… de ne rien faire. »
Je te le souhaite ! Ici l’une est déjà adulte et l’autre s’en approche à très grands pas. Hier justement, je leur ai demandé leur ressenti par rapport à leur expérience, grand sourire sur leur visage :)- Et les souvenirs des longues balades exploratrices sont là, mais aussi le bonheur d’avoir pu apprendre à son rythme. 😉
Bonne journée !
Lauriane
5 mai 2017 à 4 h 30 minChez nous en ce moment c’est plutôt je travaille juste parce que je le peux… Bon, il faut dire qu’avec la plus grande en dernière année de maternelle et la plus petite en Petite section je ne m’affolle pas trop en ce qui concerne le programme. Alors le travail c’est quand ces demoiselles le veulent bien, je ne me bas pas trop. Surtout qu’en règle générale elles y viennent toutes seules et volontiers.
Déborah
5 mai 2017 à 3 h 38 minJe rejoins le commentaire précédent et te remercie pour cet article qui fait du bien et qui touche à l’essentiel!
Les jours « off » font aussi parti de l’IEF. Ils ne sont pas dictés par un rythme scolaire mais par le rythme de chacun des membres de notre famille. C’est l’un de nos privilèges ;)!
À bientôt 🙂
Constance
4 mai 2017 à 22 h 23 minMerci pour ce petit rappel de l’essentiel qui est plus que bienvenu, alors que fin juin se profile et qu’on pourrait avoir tendance à s’affoler et bourriner sur le bouclage de programme ! Mais oui, que retiendront ils d’abord de cette aventure, de ce mode de vie ? Superbe question … Merci et bonne journée « just because we can », j’adore le concept ! Et remet toi bien …